Julie est partie en camp d'école (camp Pali, exploration nature) ce matin... Nous nous sommes levées à 5h30, et le rendez-vous était fixé à 6h15 dans la cour d'école (les américains sont matinaux). Les bagages étaient faits depuis samedi, et la tension montait...
Quand je l'ai amenée au bus, elle a tenu, puis a craqué... j'ai tenté de la raisonner, puis elle est montée dans le bus, avec les autres élèves. Depuis sa fenêtre je la voyais pleurer, ce qui ne m'a pas arrangée non plus... Certains élèves ressortaient plaisanter avec leurs parents dans la bonne humeur, sauf Julie.
Ce que j'appréhendais est arrivé... Julie est ressortie du bus, en pleurant, en hurlant et en se couchant par terre, comme quoi elle n'irait pas en camp. Je vous passe le gros moment de solitude qu'on ressent dans ce genre de moment, où tous les yeux sont rivés sur vous... Elle était triste, vraiment triste. Je la comprends. Partir en camp avec des nouveaux camarades d'école (qui ne sont en fait pas encore vraiment des copains), baragouiner quelques mots dans la langue, se retrouver loin de tout, est une épreuve difficile pour un enfant sensible. Très difficile même.
Plusieurs de ses copines sont sorties du bus pour la prendre dans les bras. C'est tellement touchant, mais ça n'a pas suffit.
On m'a dit de prendre le temps, que c'était pas grave si le bus partait en retard. On m'a demandé si je voulais vraiment que Julie parte en camp, et j'ai dit oui. Oui, car elle allait trouver du plaisir, oui car c'est une super opportunité pour elle de se faire des copains et oui encore car côté langage elle allait faire un méga bon en avant. Evidemment, Julie n'était pas de cet avis.
La directrice est venue à mon secours, et a parlé à Julie. C'est une femme très dévouée, passionnée par son métier, qui connait les prénoms de tous les enfants de son école. Elle est calme, réfléchie et sait être très convaincante. Elle lui a expliqué combien elle allait s'amuser, et combien ses copines seraient tristes si elle ne partait pas avec. Elle lui a promis qu'elle la ramènerait à la maison mercredi si vraiment ça n'allait pas (elle a prévu de passer 2 jours au camp). Si Julie reste la semaine, c'est promis, je lui amènerai des fleurs pour l'en remercier.
Puis Julie est montée dans le bus. Tous les parents ont applaudit. Elle a pu choisir à côté de qui elle allait pouvoir s'asseoir. J'ai croisé les doigts pour que les portes du bus se referment vite. Puis le bus est parti, avec 15 minutes de retard.
Et depuis, j'ai l'impression d'être un monstre.
La journée va être longue, la semaine va être longue, et je me réjouis de la retrouver vendredi, avec le sourire jusqu'aux oreilles. C'est promis, je vous donnerai des nouvelles.


































